Saga Midi : un film et un jugement

– « Le Soir », 9 mai 2008

Saint-Gilles / La Région condamnée

Un nouveau jugement condamne la Région dans le dossier des expropriations du quartier Midi. Les attendus évoquent notamment des « pratiques de harcèlement, d’intimidation et de désinformation » de la part de Bruxelles-Midi, la société anonyme créée par la Région.

Voici un an, le tribunal de Justice de Paix de Saint-Gilles rendait deux jugements sévères à l’encontre de la Région : sa « stratégie de pourrissement » du quartier et ses rachats au rabais y étaient dénoncés. Le juge cantonal estimait en outre que les propositions financières faites à l’amiable par la Région étaient ridicules. Il les avait multipliées d’autorité par six !

Un jugement potentiellement catastrophique pour la Région : il ouvrait la porte à d’autres réclamations de propriétaires s’estimant lésés. Cette crainte s’avère aujourd’hui justifiée. Onze nouvelles plaintes ont été introduites au début de cette année. Visiblement, les derniers habitants sont aujourd’hui mieux encadrés. Ils bénéficient de l’aide logistique du comité de quartier Midi et plus récemment de l’Arau (Atelier de recherche et d’action urbaine).

Si les rachats des maisons sont réformés à la hausse, la SA Bruxelles-Midi va rapidement se retrouver sans argent et la dernière phase des expropriations sera menacée. Des pans entiers de l’opération de rénovation urbaine du quartier sont concernés.

Et puis, il y a ce jugement, rendu le 6 février mais dont on vient d’avoir connaissance. Il accorde au propriétaire d’une maison de la rue de Mérode (la dernière à avoir été expropriée dans le quartier) une indemnité près de trois fois supérieure au montant que lui proposait la Région. Ici encore, les attendus sont cinglants.

Par ailleurs, le film « Dans 10 jours ou dans 10 ans… », qui relate la triste saga du quartier du Midi, sera projeté le jeudi 22 mai au cinéma Arenberg (débat à 20h30, projection à 21h30) et sera disponible en DVD dès le mois de juin. Ce film de 89 minutes, dont certains critiqueront le parti pris même s’il passe en revue tous les points de vue, vaut surtout par les témoignages des habitants face à ces démolitions et aux menaces d’expropriation. A noter, à la fin, une scène absolument surréaliste et tragi-comique où l’on voit un bull démolir par erreur le mur mitoyen d’une maison voisine. Une série de situations cocasses d’anthologie s’ensuivent. Cela fait rire et pleurer. Sauf qu’ici, il ne s’agit pas d’une fiction.

• FRANÇOIS ROBERT



[ http://film.quartier-midi.be ]